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Parution: septembre 2018

Paie

Que faut-il retenir ?

Dans le cadre de cette quatrième et dernière partie, nous avons plongé dans l’univers du cabinet pour décrire, fonction par fonction, l’impact du numérique. Que faut-il retenir ?

Le plus grand risque serait… de ne pas en prendre

374. Même si ce n’est pas politiquement correct, il ne fait aucun doute sur le fait que la profession va traverser dans les prochaines années une zone de fortes turbulences. Toutefois, elle bénéficie de deux énormes avantages concurrentiels que les autres professions lui jalousent : les experts-comptables sont présents dans plus de 80 % des TPE/PME et 88 % des clients considèrent l’expert-comptable comme un professionnel de confiance (Étude « Marché de la profession comptable », Observatoire de la profession comptable, édition 2017).

Bien sûr, l’embarcation va tanguer, l'avenir ne sera pas confortable, des investissements seront nécessaires, il faudra changer les habitudes, sortir de sa zone de confort, se comporter en véritable entrepreneur avec une stratégie d'offre et non plus une stratégie d’attente de la demande. Comme nous l’avons développé dans cette quatrième partie, il va falloir adapter les cabinets, revoir la stratégie, repenser le métier, changer les habitudes, développer de nouvelles missions, former les équipes, … Cette transformation ne sera ni facile, ni rapide.

Certes, mais c'est le prix à payer pour repenser la profession et s'installer durablement dans une stratégie qui permettra de rester le conseiller privilégié des chefs d’entreprises. Mais, après tout, quelle est l’alternative à cette transformation ?

Que se passera-t-il si le cabinet ne change rien ?

375. Notre expérience du terrain nous montre qu’à ce jour, peu de cabinets se sont véritablement lancés dans leur mutation. En effet, face à l’ampleur de ce chantier, de nombreux experts-comptables se posent la question… Après tout, la rengaine est bien connue : « la profession a connu de très nombreuses mutations sur les 20 dernières années », « ça fait 20 ans qu’on nous prédit la fin de la tenue de comptabilité » …

Certes, ces propos ne sont pas dénués d’un certain réalisme. Il est exact que la fin de la tenue est annoncée depuis des lustres, mais pas pour des raisons technologiques, pour des raisons réglementaires (la fin du monopole). En quoi la situation est-elle différente aujourd'hui ?

Aujourd'hui, les logiciels existent. Ils fonctionnent à peu près et leur délai de finalisation se mesure en mois. Alors, qu’attendent les cabinets ? Léonard de Vinci disait « Ne pas prévoir, c’est déjà gémir ».

Pour répondre à la question, que se passera-t-il si on ne fait rien, il n’est pas nécessaire d’être grand clerc. Si les cabinets ne s’adaptent pas, il ne se passera rien. Et c’est bien le pire qui puisse leur arriver.

Ces cabinets vont peu à peu perdre pied en matière de production. Leurs coûts de production vont augmenter alors que les prix continueront de baisser. Ils ne pourront sortir indemnes du redoutable effet de ciseaux qui leur fera perdre leur rentabilité puis leurs clients. En effet, ces derniers préféreront aller voir ailleurs pour trouver mieux et… pour moins cher. Ils devront s’adapter dans l’urgence ou se rapprocher d’autres cabinets, dans une position peu favorable.

Qu’il nous soit permis de rappeler, pour finir cette partie, qu’un expert-comptable est avant tout un chef d’entreprise. Son rôle n’est pas d’attendre pour voir si son embarcation résistera au choc avec l’iceberg, c’est de tout faire pour l’éviter pendant qu’il en est encore temps.

• Deux citations résument bien la problématique à laquelle la profession est aujourd’hui confrontée :

• Darwin nous rappelle que « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ».

• Et un proverbe chinois nous enseigne que « Quand le vent se lève, certains construisent des brise-vent, d’autres construisent des moulins ». C’est la raison pour laquelle nous avons appelé « Les moulins », le think tank de la profession que nous avons créé. L’heure des grands défis est bien arrivée.